mercredi 14 octobre 2009

REMETTRE LES PENDULES A L'HEURE AVEC UN MAPUTO 3

La précipitation est l'ennemi du bien et quand une erreur est commise le sens de l'honneur commande qu'elle soit réparée par son auteur. Ces deux formules résument le dramatique épisode de la Réunion ràtée du GIC à Antananarivo les 6 et 7 octobre 2009, dont tout un chacun doit se convaincre malgré le matraquage médiatique étonnamment orchestré, notamment depuis Paris, pour faire croire qu'il y a eu accord "heureux" pour la désignation du Président et du Premier Ministre de la Transition conventionnelle issue de la Charte de Maputo.


UN DIKTAT AUSSI INACCEPTABLE QU'HONTEUX


La réalité et la vérité arrivent à point nommé: c'était un secret de polichinelle, mais on sait désormais de sources sùres, puisqu'elles émanent de diplomates de hauts rangs ayant participé auxdites réunions du GIC au "Carlton" à Antananarivo, le scenario du schéma consistant à imposer à la tète de la transition M. Rajoelina s'est élaboré à Paris en Septembre, profitant de l'absence de la mouvance Ravalomanana, ce à la suite de la déculottée onusienne de M. Rajoelina. Une mise en scène de mascarade est ensuite imposée avec une passivité complice des autres acteurs internationaux: ce "fameux" schéma est porté comme un bébé par un téméraire Président de la Commission Africaine à Antananarivo, qui veut en finir au plus vite avec une crise malgache qui n'a que trop durée à ses yeux et à ceux de Paris. On oublie très vite tous les principes procéduraux et les valeurs de référence actés dans les accords et la Charte de Maputo, ainsi que l'engagement auquel s'obligent tous les Etats africains parties aux instruments juridiques et politiques adoptés au sein de l'Union Africaine et à la Déclaration d'Alger d'interdire tout accès à la magistrature suprème d'auteurs de coups d'Etat, pour estimer qu'on tient là, avec cet édifice scélérat, la bonne solution avec la consécration de M.Rajoelina. Et pour parachever la mascarade, on va jusqu'à faire croire que ce qui n'est qu'un projet de communiqué final annonçant cette intronisation doit ètre considéré comme la traduction d'un accord acquis entre tous à défaut d'ètre scellé.

Ce diktat abject de la communauté internationale, représentée par les membres du Groupe International de Contact pour Madagascar, qui ne craignent pas les dérives indignes de leur statut, ne doit en aucune façon prospérer et la vive émotion du peuple malgache, qui ne l'accepte d'aucune manière, doit absolument ètre relayée par l'opinion publique internationale. A cet égard, des députés du Parlement Européen, lequel avait déjà auparavant pris une position ferme condamnant le coup d'Etat du 17 mars 2009 et réclamant le retour à l'ordre constitutionnel, prenant bonne note de la ferme opposition de la Mouvance Ravalomanana au schéma exposé le 7 octobre 2009, s'apprètent à faire adopter une seconde Résolution, notamment pour rappeler au Groupe International de Contact d'observer uniquement et strictement un ròle de médiateur et non un ròle de décideur.

Nul n'a besoin de se forcer pour admettre que la posture adoptée par le Président Ravalomanana et par sa mouvance est non seulement juste, mais elle doit elle aussi ètre efficacement relayée dans les médias et dans l'opinion publique internationale. En ce qui les concernent, le Groupe International de Contact, et en son sein les pays et organisations internationales qui sont malencontreusement demeurés singulièrement passifs à Antananarivo les 6 et 7 octobre derniers, peuvent encore se racheter. Car, peuvent-ils raisonnablement et sans honte trainer comme un insoutenable boulet d'avoir à continuer de soutenir un gouvernement fantoche au sens plein du terme ? Ce n'est pas concevable. Pour celà, ils doivent clairement ouvrir la voie à une remise à plat des thèmes de négociation qui ont étè si mal repris à Antananarivo. Ils s'en honoreront à remettre ainsi les pendules à l'heure pour un Maputo 3, peu importe le lieu, certainement pas à Maputo car le Mozambique entàme une période de campagne présidentielle difficile, mais préférablement dans un autre pays d' Afrique, c'est normal, la cause étant africaine, et aussi pour contenir les coùts de déplacement des délégations.


LA VOIE A UNE REMISE A PLAT NECESSAIRE


A Maputo 3 aucune erreur de casting, aucune dérive procédurale ou de fond ne seront plus acceptables.

Les données incontourables sont les suivantes:

. s'engageant juridiquement et politiquement dans un mouvement unanime et sans retour à empècher la légitimation d'auteurs de coups d'Etat, les Etats membres de l'Union Africaine, dont Madagascar fait partie, se sont doté d'instruments internationaux contraignants assortis de sanctions ciblées, suivis de Déclarations solennelles telle que celle d'Alger, lesquels sont appelés à ètre mis en oeuvre dès la constatation des faits factieux;

. la Charte de Maputo a, d'une part, fait expressément référence à ces instruments internationaux; d'autre part, a donné naissance à une jurisprudence bien établie aux termes de laquelle l'adoption d'une décision à caractère consensuel et inclusif requiert l'adhésion unanime des chefs de file des quatre mouvances politiques; et, enfin, a souligné la nécessité d'ériger en valeur de gouvernance le caractère neutre de la Transition conventionnelle, ce qui implique obligatoirement l'exclusion, a fortiori à la tète de l'Exécutif, d'un auteur d'un coup d'Etat. occurrence malheureusement et avec une légèreté coupable initialement envisagée par le G.I.C;

. la mouvance Ravalomanana hérite tout naturellement de la légalité et de la légitimité dont son chef de file est porteur par le fait d'avoir été re-élu démocratiquement en décembre 2006 pour un mandta de cinq ans, actuellement toujours en cours, ce qui la met en droit et la met met en position d'affirmer légitimement son devoir d'exiger la prise en compte de cette donnée fondamentale dans la mise en place des institutions prévues dans la Charte de Maputo, tout spécialement l'Exécutif;

. la stabilité en Afrique dépend aussi de la justesse du mode de résolution de la crise malgache, et cet aspect géopolitique ne doit échapper à personne, surtout pas aux membres du G.I.C, car il convient absolument d'éviter de donner un signal négatif que constituerait l'adoption du schéma actuellement proposé qui consiste à mettre à la tète de la Transition conventionnelle l'auteur du coup d'Etat du 17 mars 2009 et permettre à celui-ci, comme il ne s'en prive pas actuellement, de continuer à bafouer les droits fondamentaux;

. au final, la nécessité de parvenir à une solution satisfaisante vise non pas les mouvances elles-mèmes mais la Nation tout entière dont l'avenir risquait singulièrement d'ètre hypothéqué à cause d'une erreur d'appréciation du G.I.C.

Ignorer ces données ouvre la voie à toutes les dérives possibles qui sont déjà en oeuvre à Madagascar. Il faut d'extrème urgence éteindre cet incendie mortel. Une guerre civile est à craindre, les prémices sont déjà visibles. Le G.I.C est désormais dans l'ardente obligation de revenir à des pratiques plus conformes et à sa mission et aux principes desquels il n'aurait jamais dù se départir.

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