Face à l'imminence de la visite de Rajoelina à Dakar : La communauté malgache interpelle l’Etat du Sénégal
En quête de reconnaissance internationale, Andry Rajoelina pourrait arriver, ce jeudi, au Sénégal. Et c’est pourquoi, l’antenne dakaroise du collectif Gasy Tia Tanindrazana, qui lutte pour le retour de la légalité à Madagascar, interpelle le gouvernement sénégalais sur les conséquences négatives d’une visite dans la résolution de la crise dans la Grande île.
Devant l’imminence d’une visite d’Andry Rajoelina au Sénégal, l’antenne dakaroise du collectif Gasy Tia Tanindrazana, qui regroupe plusieurs associations et individuels de Madagascar, d’Europe et d’autres pays, contre le coup-d’Etat à Madagascar, rappelle à l’Etat sénégalais la condamnation par l’Union africaine de la dévolution du pouvoir intervenue à Madagascar.
Les membres dudit collectif, qui ont rendu visite à notre rédaction, s’insurgent ainsi contre la visite de ce président autoproclamé qui, soutiennent-ils, est ‘en quête de reconnaissance internationale’. En effet, selon ce démembrement de Gasy Tia Tanindrazana, le nouveau pouvoir malgache a soif de reconnaissance.
C’est la raison pour laquelle, Andry Rajoelina, qui n’a toujours pas obtenu la reconnaissance de l’Union africaine, de l’Union européenne et des Etats-Unis, s’est lancé dans une campagne de séduction. Et après avoir dépêché son émissaire Benja Razafimahaleo en France et aux Etats-unis, il s’est rendu en Libye.
Il devrait fouler le sol sénégalais pour poursuivre son opération de charme. Et, vu le rôle que le Sénégal a notamment joué dans la résolution des conflits de la Grande île en 2002 lors de la crise entre Didier Ratsirac et Ravalomana, ces Malgaches estiment que le gouvernement du Sénégal ne devrait pas recevoir un tel contre-exemple.
Et il doit se conformer à la résolution de l’Union africaine du 30 avril dernier qui rejetait le changement anticonstitutionnel intervenu dans ce pays. Ainsi, le collectif Gasy Tia Tanindrazana (Gtt), qui lutte pour le retour de la légalité à Madagascar, doit nécessairement, selon eux, aller de pair avec un retour au pouvoir du président déchu, Marc Ravalomanana, qui était démocratiquement élu en 2006, et a été chassé du pouvoir le 17 mars 2009 par un coup d’Etat. Car, estime le collectif, la proposition de sortie de crise du Groupe de contact est tendancieuse.
En effet, ces partisans de Ravalomana disent émettre une totale réserve concernant la déclaration conjointe de l’Union africaine (Ua), de la Communauté de développement de l’Afrique australe (Sadc), de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif) et de l’Organisation des nations unies (Onu), relative aux négociations multilatérales visant à établir une transition neutre, pacifique et consensuelle à Madagascar.
Et cela à cause du fait que certains fondamentaux dans la résolution de crise n’ont pas été tenus en compte dans ces négociations. En effet, pour eux, le retour du président Ravalomanana au pouvoir et la libération du Premier ministre Manandafy ainsi que d’autres militants légalistes arrêtés par la Haute autorité de la transition, sont des conditions fondamentales pour toute réussite dans les négociations.
En outre, cette branche dakaroise du collectif Gtt révèle que ‘les principes, mentionnés au paragraphe 6 du communiqué de la Réunion consultative sur la situation à Madagascar du 30 avril 2009 à Addis Abeba, ont été escamotés dans la future Charte de la Transition’. Lesquels principes concernent le respect de la Constitution quant à l’intégrité des institutions républicaines et le respect des instruments pertinents de l’Ua et des engagements internationaux de Madagascar quant à l’application de l’article 25 de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, concernant les sanctions en cas de changement anticonstitutionnel de gouvernement.
Par ailleurs, le Gtt condamne vivement les violations des droits de l’homme dans le pays perpétré par Andry Rajoelina. Pour ce collectif, le nouvel homme fort du pays ne fait que dans l’intimidation depuis qu’il s’est autoproclamé président. ‘Il ne fait que menacer les gens depuis qu’il a pris de force le pouvoir des mains de l’armée entre lesquelles le président Ravalomana l’avait laissé et il a emprisonné le Premier ministre nommé par ce dernier’, s’indignent les membres du collectif.
Seyni DIOP
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